Fonds de dotation
Jean-Pierre Bertrand

SHEM

par Hélène Meisel, historienne de l’art, critique et commissaire

Réalisés à partir de la fin des années 2010, les Shem empruntent à la linguistique un autre de ses termes - schème - désignant une structure organisatrice, elle-même organisée par les règles de combinaison de ses constituants.

Jean-Pierre bertrand © DR
SHEM
© ADAGP - Jean-Pierre Bertrand / Photo : Denis Prisset

Les Shem de Jean-Pierre Bertrand explorent sans les épuiser les possibles distributions de vingt-sept éléments aux formes et emplacements prédéfinis : selon une partition invariable, des plaques de plexiglas affleurent ou s’absentent de la surface de grands fonds, le tout étant unifié par une couleur parchemin dont le nom évoquerait autant le manuscrit réinscriptible que la carnation livide. En réserve, des bandes horizontales or, rouge ou brun (deep purple) sont parfois découvertes par grattage. L’artiste n’entend pas épuiser toutes les possibilités de variations internes, simplement entrevoir la matrice qui préside à toutes les combinaisons. Il n’y aurait donc qu’un seul Shem idéal, dont la structure informerait toutes les configurations possibles, selon cette logique décrite par Wittgenstein où « si [l’on connaît] l’objet, [on connaît] aussi l’ensemble de ses possibilités d’occurrence dans des états de choses » (1).

(1) Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus (1921), Paris, Gallimard, coll. Tel, 2011, p. 34.

Extrait de Hélène Meisel, « Le corps du texte », Jean-Pierre Bertrand, Mettray, Marseille, 2013, pp. 235-236.

Hélène Meisel
Historienne de l’art, critique et commisaire

2012
Galerie Michel Rein, Paris
Six fois shem en deux, vue partielle d’exposition

Trois SHEM
papier-miel, acrylique, plexiglas, fer
204 × 153,5 × 1,8 cm.

© Jean-Pierre Bertrand - ADAGP / Photo : Aurélien Mole

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