Fonds de dotation
Jean-Pierre Bertrand

« I sat in my chair »
exposition virtuelle de Jean-Pierre Bertrand par Jean-Baptiste Lenglet, conversation avec Maud Maffei

Rencontre #11 À LIRE, À VOIR ET À ÉCOUTER

Jean-Baptiste Lenglet présente une exposition virtuelle inédite selon un parcours déambulatoire qui nous fait pénétrer à l’intérieur de neuf œuvres de Jean-Pierre Bertrand, reconstituées à partir d’archives, vues d’expositions, livres, photocopies, plans, etc.

Jean-Pierre bertrand © DR
La totalité des citrons, 1976-2004, Musée Picasso Antibes (vue partielle), 2004
© Jean-Pierre Bertrand - ADAGP / Photo : Claude Germain, 2004

Introduction par Maud Maffei et Jean-Baptiste Lenglet

Maud Maffei

Jean-Baptiste a fait une exposition virtuelle de quelques œuvres de Jean-Pierre Bertrand qu’il a sélectionné. Ce projet est en continuité avec l’exposition de Jean-Pierre Bertrand au Centre Pompidou en 2019. Un des intérêts, c’est qu’il a travaillé à partir de l’aspect combinatoire qui est déjà présent dans l’œuvre de Jean-Pierre Bertrand. Il a repris des œuvres qui existent physiquement et il leur a donné un autre espace. Jean-Baptiste Lenglet a fondé avec Jessica Boubetra il y a quelques années, le Virtual Dream Center où ils invitent des artistes à participer à des expositions. C’est une structure qui va réfléchir à cette question de l’exposition virtuelle. Et en parallèle ils ont mis en place un atelier de céramiques réalisées en impression 3D. Ils sont donc vraiment dans un questionnement des espaces virtuels et la matérialité de la terre.

Jean-Baptiste Lenglet

Avant d’entrer de plain-pied dans l’exposition virtuelle, je voudrais passer un peu de temps à recontextualiser ce travail. C’est un travail qui s’est élaboré sur plusieurs années. Le projet a commencé au moment de l’exposition de Jean-Pierre Bertrand en 2019 au Centre Pompidou. Le commissaire de l’exposition c’est un bon amie à moi, Jonathan Pouthier, et c’est lui qui m’a introduit à Jean-Pierre Bertrand en amont même de cette exposition parce qu’il est programmateur de cinéma et il avait présenté Diamon’d dans une de ses programmations et Jean Pierre était là. C’était assez émouvant.
Après il y a eu cette magnifique exposition. Et quand Jonatan me parlait de son élaboration, j’avais déjà commencé ce projet de centre d’art virtuel depuis puis quelques années. En découvrant un petit peu plus le travail de Jean-Pierre Bertrand, je me suis dit qu’il avait le potentiel de réaliser une exposition virtuelle.

Dans le Virtual Dream Center, invite des artistes contemporains à se saisir du medium de l’exposition virtuelle. Par exemple, Guillaume Constantin, artiste qui a collaboré plusieurs fois, a fait une nouvelle œuvre en fonction des possibilités du médium. On envisage l’explosion virtuelle comme médium. Une autre possibilité, c’est aussi d’utiliser l’exposition virtuelle pour refaire des œuvres historiques. Et avec Jean-Pierre Bertrand, c’était plus dans cette perspective-là qu’on a pensé le projet à l’origine. Le projet qu’on va voir, dont c’est le vernissage ce soir, si on peut dire, c’est le double de l’exposition du Centre Pompidou. Il a été impulsé par Jonathan Pouthier, et par la suite c’était vraiment un travail collectif avec Marie Serre, avec Nina Rodrigues-Ely, avec les membres du Fonds. Donc voilà la généalogie du projet de l’exposition virtuelle qu’on va présenter.

Techniquement, c’est un jeu vidéo, donc on va se promener dans un espace virtuel, on va jouer comme dans un jeu de rôle où on va se dire qu’on est dans un musée, moi, je suis comme le guide de la visite. L’idée, c’est qu’on prenne le temps d’aller de salles en salles, de s’arrêter et peut être de discuter.

Visite virtuelle

Visionner la bande annonce de la visite virtuelle

I sat on my chair /Jean-Pierre Bertrand, Virtual Dream Center, Jean-Baptiste Lenglet, 2023 - Capture d’écran © Jean-Baptiste Lenglet

Une salle après l’autre

Première salle : l’éclair

« La première œuvre que l’on voit, on a choisi que ce soit justement cette image que vous avez-là qui un poster d’une exposition au Musée d’art moderne, mais qui est d’abord une page découpée dans un livre le Strings Figures. (…) Ce qui m’a tout de suite intéressé avec cette image c’est que c’est une photocopie de photocopie. Donc il y a plusieurs couches de reproduction je trouve ça bien de rentrer dans ce projet par là. »
Jean-Baptiste Lenglet

Espace central : Le Planted Garden et le miroir de la Salpêtrière

« L’exposition a été conçue à partir d’une installation qui est très importante dans l’œuvre de Jean-Pierre Bertrand, qui s’appelle La totalité des citrons. »
Jean-Baptiste Lenglet

« La manifestation avait eu lieu dans la Chapelle de la Salpêtrière où le miroir reprend la dimension de cette dalle octogonale de la Salpêtrière (…). Il y a tout un jeu de dimension puisqu’il y a des citrons verts qui sont des moitiés de citron vert avec seulement un citron entier jaune qui se reflète lui en entier. »
Maud Maffei

« Le Planted Garden fait référence au moment où Robinson Crusoé arrive dans l’île dans le roman de Defoe, et qu’il découvre un jardin planté, un jardin qui avait l’air d’être planté par la main de l’homme. (… ) Ce que Jean-Baptiste Lenglet a choisi, c’est la version de 2004 où il présente au musée Picasso d’Antibes une salle comme ça, où il recréer le Planted Garden qui date donc de 2004 et au centre Totalité des citrons qui datent de 1976 mais réactivés en 2004. Donc Jean-Pierre avait cette idée de réactiver en permanence les œuvres qui n’étaient jamais figées. »
Nina Rodrigues-Ely

Deuxième salle : Arithmétique de la passion

« Cette salle-là, c’est une reconstitution à partir d’un catalogue du stand de la Galerie de France à la FIAC en 1990. (…) Je trouve que ce qui est intéressant ici, c’est de voir la composition dans l’espace et le rythme induit par les peintures et la série qui amène d’ailleurs la verticalité des formats. Forme que j’ai reprise pour les tunnels. Aussi, on parlait avant le début de la séance de la dimension cinématographique du travail de Jean Pierre Bertrand. Je trouve qu’ici, c’est assez frappant de voir les pièces, le rythme visuel qui correspond quasiment à des photogrammes. »
Jean-Baptiste Lenglet

« Comme les formats sont anthropomorphes, ces pièces proposent vraiment une expérience physique. »
Maud Maffei

Troisième salle : liste générative de mot

« J’ai choisi de présenter cette liste d’une manière générative. Je crois que quand j’ai vu dans la liste un potentiel cinématographique et donc la liste qui est figée dans le catalogue de la Galerie de France, là, il s’agit de la faire permuter. C’est une lecture cinématographique et poétique de la liste. »
Jean-Baptiste Lenglet

Quatrième salle : In Search of the Miraculous

« Ce qui m’avait frappé dans l’exposition faite par Jonathan Pouthier en 2019, c’est qu’il présente le plan de l’exposition de 1987 au Magasin de Grenoble, dont Jean-Pierre Bertrand a aussi fait un film, et qui laissait la possibilité de réactiver avec exactitude cette exposition. »
Jean-Baptiste Lenglet

« Avec ce film on est entre la position du spectateur qui déambule et la position de surplomb du plan. Et il y a cette idée de réactiver ou de maintenir présente ou de faire muter, de faire changer d’état une exposition sous différents médiums. Donc finalement, là, c’est une mise en abîme, c’est imbriqué parce qu’on est dans une expo virtuelle qui réactive un film, qui lui-même réactive une exposition. »
Intervention dans le public

Cinquième salle : Exposition au Magasin de Grenoble, 1987

« C’est une spécialisation du plan, le plan a été vu comme une sorte de protocole d’exposition. (…) C’est en le faisant que j’ai compris que c’est la répétition à l’identique de la même séquence de trois peintures partout dans l’exposition. Sauf que la séquence est plus ou moins élargie dans l’espace. Mais c’est vraiment strict. »
Jean-Baptiste Lenglet

Sixième salle : Cadrer en Blinde

« C’est finalement la pièce que j’ai interprétée le plus librement, à partir de son livre d’artiste, Cadrer en blinde. (…) C’est un ensemble de dessins de cubes, ou Jean-Pierre Bertrand n’a dessiné que les arrêtes. Les pages du livre sont légèrement transparentes ce qui fait qu’elles se complètent l’une et l’autre pour former un cube. Pour ma part, j’ai déstructuré le livre en reprenant chacun de ces dessins. La plupart du temps ce ne sont que six arêtes et c’est l’enchaînement de ces dessins qui se génèrent à l’infini, un peu comme la liste de mots, mais là, dans un dessin dans l’espace, et qui forme dans l’addition de leur absence, un cube. »
Jean-Baptiste Lenglet

Septième salle : une phrase en néon de 54 lettres

« C’est une de ses pièces qui a été montrée et produite par le centre d’art Le Quartier, qui a été montrée à Quimper. On rentrait dans une salle et il y avait juste cette ligne : D’une nuit à l’autre, et de l’autre en l’autre, de mes nuits et cette nuit. Ce qui l’intéressait dans l’utilisation du néon, c’est le gaz. Parce qu’il y a quelque chose qui n’est pas absolument fixe. »
Nina Rodrigues-Ely

Huitième salle : Face

« Le film c’est de l’arithmétique. Il filme une séquence face caméra, et il extrait une image qu’il démultiplie. Évidemment, la vibration, c’est la projection, c’est le projecteur de cinéma, c’est la cadence de la projection. Et je pense que cette idée d’une image qui respire c’est une manière pour lui de montrer quel médium il utilise. »
Jonathan Pouthier



Yellow green aplat

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