Fonds de dotation
Jean-Pierre Bertrand

En résonance

L’indivisibilité de leur masse
odeur - impossibilité de limiter l’odeur
là, autour, dans le dedans le dehors

l’odeur occupe un certain espace même si cet espace est lui-même occupé par du papier - l’odeur n’est pas là où est le métal et le métal n’est pas visible

Jean-Pierre Bertrand, Note manuscrite, 1979

En résonance

La totalités des citrons - 1976

Le citron posé sur un miroir c’était en même temps que l’exposition sur Freud, c’était tout un parcours vertical avec des photos, et puis moi, c’était au sol, c’est-à-dire qu’au centre de la chapelle, il y a une pierre qui a huit côtés, un octogone qui a la même forme qu’un octogone qui est tout en haut du clocher et qui est entouré de huit fenêtres, et cet octogone, donc au centre d’où partent huit travées de grosses pierres, je l’avais recouvert de la même forme que la pierre, c’est-à-dire d’un miroir à huit côtés, pareil, que j’ai donc posé sur cette pierre centrale. Et je disais qu’en fait, quand on voyait cela de loin, c’était comme une sorte de tache d’eau et j’ai écrit quelque part: c’était 8 fois l’ile ou l’horizon 8 fois. L’horizon, c’est un inversement, c’est comme si l’ile était autour de cette faque d’eau ou cette partie miroitante était l’ile en elle-méme, quelque chose qui miroite, et il y avait huit côtés, j’avais posé à peu près au centre un citron jaune et puis tout autour, de telle façon que - 8 citrons verts, c’est-à-dire pas mûrs, avec leur petite branche mais coupés en deux dans le sens de la longueur. Si bien que posés sur le miroir ils faisaient une totalité de citrons avec eux-mêmes. Ils étaient posés de telle façon qu’il n’y ait jamais trois citrons qui fassent une ligne droite ce qui n’était pas évident. Enfin, ils prenaient la surface comme ça, 8 citrons pas mûrs et un citron mûr, un gros citron qui était à peu près au centre qui, avec son image, faisait un huit. Voilà ce que j’ai fait dans la chapelle de la Salpêtrière, je crois que c’était en 75, mais on ne le voyait pas en entrant dans la chapelle, les gens ne le voyaient pas forcément. Mais j’aimais bien cet endroit parce qu’il y avait Freud. parce que c’est le lieu de Charcot, chacune des chapelles correspondait aux fous, aux pros-tituées, aux mauvais garçons… et puis il y a cette chose au centre…

En résonance

Les dessins de la momie

Jean-Pierre Bertrand, 4N62887,  © DR
  • Jean-Pierre Bertrand
  • 4N62887,

Je voulais montrer l’intérieur de ce que l’on voit. J’ai pensé alors aux momies. Je rêvais d’une momie qui rêvait de moi. Une momie n’est ce pas un corps qui remonte, qui impressionne des bandelettes, une matière ?
C’était cela qui m’interessait faire remonter des signes dans le papier, faire remonter une chose très ancienne à la surface. Il y a une peau, une chair, quelque chose de dur, un corps noir et une substance imprégnée de cela. La momie désire revivre.

En résonance

« Ce qui m’intéresse c’est la complexité, c’est d’arriver à un résultat où la complexité devient quelque chose de banal, d’extrêmement banal. En fait, je cherche le miracle, pas le miraculeux mais le miracle, vous ne le voyez que si ce miracle existe déjà en vous ; vous êtes toujours en face de vous-même et dans la révélation de vous-même.
Quant à moi, je cherche un rapport entre les sommets et le ras de la terre. Absolument pas le mélange des deux mais les deux à la fois. »
Jean-Pierre Bertrand, 2014

En résonance

« L’apparence ça veut dire comment ça apparaît. Comment quelque chose apparaît. Je tenais à dire quelque chose. Il ne s’agit que du visible. Pour moi, l’invisible n’existe pas. L’invisible est là devant nos yeux. Il suffit de le voir. Il est là, il faut seulement changer de longueur d’onde. Le visible ne dissimule pas l’invisible, ils cohabitent complètement. »
Jean-Pierre Bertrand, 2004
Entretiens avec Jean Daive

En résonance

ETATS DE SIDÉRATION
ETAT DU SIDÉRÉ

Le sidéré est sidéré de sa propre sidération, de l’en soi de sa propre sidération. C’est dans ce rebond qu’à lieu l’émergence d’une vision.
SIDERALIS eut d’abord le sens de «constellations». SIDUS se dit d’un astre isolé, il s’emploie pour figurer le ciel, la nuit, une saison, notamment l’hiver ; son origine est méconnue.
Il y a peu d’incarnation chez le sidéré, seulement la joie du drôle, du drôle investi de l’étrange faculté de savoir que c’est ici où ça se passe, que c’est là où ça a lieu.

En résonance

GRAND ROUGE

« S’approcher au plus prêt du plexiglas. Ce que je vois est juste derrière, à l’épaisseur du plexiglas près. Mes yeux sont face à la matière colorée et coagulante comme elle est face à mes genoux, mais aussi à droite et à gauche de mes genoux, de mon torse, de ma tête. Mon corps n’arrive pas à appréhender toute la surface contenue dans le cadre. Il n’y arrive pas parce qu’il ne peut pas toucher ce qu’il voit. Le corps transparent que je touche qui est froid n’a rien à voir avec ce que je vois. Au plus proche, les limites de l’étendue se perdent. par contre si je recule, si je prends du large, ce que je vois devient une image plane et selon que mes yeux accommodent, je perçois mon reflet, j’y suis tout entier. »
Jean-Pierre Bertrand


Yellow green aplat

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